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dimanche 12 juillet 2015

Drôle de moineau à la pêche

                                                                                

Histoires de pêche, Daniel Lefaivre, blogue de pêche, pêche au Québec
Crédit image: https://pixabay.com/
« Des fois, je me demande si j’aime réellement la pêche. D'autres fois, je me demande si c'est pas plus la nature qui me fait vibrer plutôt que de tenir un manche de ligne et de rester planté là, des heures durant, à me confondre avec le paysage. La nature, c'est mon bag, j’ai ça dans la peau. C'est pour ça que je me suis acheté un 4 x 4, pour m'évader encore plus loin. Et puis je me fous pas mal de mon voisin qui pense me voir plus souvent à la crèmerie que dans le bois. Ça me dérange pas vraiment ce qu'il peut penser. Qu'est-ce que ça peut lui faire que je passe mon samedi à astiquer mon camion quand je suis pas dans le bois. Pis le soir, j'ai ben le droit d'aller montrer mon camion à qui je veux. Tu comprends, c'est interdit en ville de se promener dans les parcs publics avec un 4 x 4... »

« Mais là n'est pas mon propos. C’est pour te raconter que la nature, des fois, est drôlement plus forte qu’on pense. Enfin je me comprends. Je veux dire que j'ai fait rire de moi par un
oiseau. Ça m’a fait drôle. J’avais les deux jambes plantées dans un herbier et, le plus délicatement du monde, je faisais voltiger ma soie munie d'une bonne grosse mouche de ma confection. »

« J'avais de l’eau jusqu’aux cuisses, et le fond m'apparaissait comme sur un écran géant tellement l'eau était belle. Tout près de moi, un superbe héron bleu pêchait lui aussi. Sauf que lui, il prenait du poisson! Je le regardais avancer lentement, puis rester sans bouger un bon moment. Le grand cou de l'échassier formait une sorte de « S », comme s'il se préparait à se donner un élan. Et c’est ce qu'il faisait. Un coup sec, ultra rapide et splash, c'était pas long qu’il avait un poisson dans le bec. Et c’était pas des petits menés, non monsieur. J’aurais bien voulu les voir mordre à ma ligne ces poissons-là! Tellement gros, les poissons, que le grand héron bleu avait de la misère à les avaler! J’ai même vu un poisson se débattre tellement fort que je pensais que le cou de l'oiseau allait se tordre... On sait jamais, y a peut-être eu un torticolis... »

« Mais ce que j'aimais moins, c'est que l'oiseau des marais reluquait toujours dans ma direction après chaque poisson capturé... comme si y me trouvait un peu niaiseux de ne rien prendre... Je donne pas toujours de nom à mes mouches, mais celle-là, je l'ai baptisée le grand héron bleu à la pistache! »

« Tiens, je vais te la montrer, elle est dans la boîte du pick-up. Tu veux un autre cornet en attendant? »...


« …! »

  Daniel Lefaivre

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